ABB YuMi

Le groupe helvético-suédois ABB cède son activité historique au conglomérat japonais. Après l’allemand Kuka racheté par le chinois Midea en 2016, un second champion européen de la robotique industrielle bascule sous pavillon asiatique, confirmant la domination croissante des géants japonais et coréens sur ce marché stratégique.

ABB tourne la page de son histoire robotique. Le groupe industriel vient de signer un accord avec SoftBank Group pour céder sa division Robotics au deuxième semestre 2026. La valeur de l’entreprise atteint 5,375 milliards de dollars, soit environ 4,9 milliards d’euros. Cette opération, soumise aux approbations des autorités de contrôle de la concurrence, met fin au projet d’introduction en bourse envisagé en avril 2025.

ABB justifie ce désengagement par des synergies limitées entre le pôle robotique et ses autres activités. La demande et les caractéristiques du marché diffèrent sensiblement de ses autres métiers. D’autres sources évoquent également des craintes concernant le potentiel des ventes sur le marché automobile, secteur clé pour la robotique industrielle. Le groupe préfère désormais concentrer ses ressources sur l’électrification et l’automatisation, qu’il identifie comme ses pôles de croissance prioritaires.

La multinationale renonce ainsi à son plan initial de spin-off. Le conseil d’administration estimait alors que cette séparation permettrait aux deux entités de mieux se concentrer sur leur développement respectif. Toutefois, l’offre du conglomérat japonais change la donne et précipite la cession de cette activité historique.

Un champion mondial qui passe en mains asiatiques

© ABB

ABB Robotics figure parmi les leaders mondiaux de sa spécialité. Les principales études de marché, comme celles de Statista, placent l’entreprise dans le trio de tête. Ses robots, notamment les six-axes et les delta, équipent l’automobile, l’électronique, le médical, la logistique et l’industrie alimentaire. Dans l’emballage, secteur où la marque rayonne, ces machines accomplissent principalement des tâches de pick and place et de palettisation.

La division emploie 7 000 personnes à travers le monde. En 2024, elle a généré un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars avec une marge opérationnelle de 12,1 %, représentant environ 7 % des revenus totaux d’ABB. Ces performances solides n’empêchent pas le groupe de s’en séparer pour se recentrer sur ses activités jugées plus stratégiques.

Cette transaction illustre un basculement géopolitique majeur. Après Kuka, passé dans le giron de Midea en 2016, ABB Robotics devient le deuxième champion européen à arborer un pavillon asiatique. Le marché mondial se trouve désormais dominé par les géants japonais comme Fanuc, Yaskawa, Kawasaki et Epson, ou le coréen Doosan. L’Europe perd progressivement son influence dans ce secteur stratégique.

Une réorganisation stratégique pour les deux groupes

© ABB

ABB réorganise sa structure interne dès la fin 2025. La division Machine Automation, qui constitue actuellement avec ABB Robotics le pôle Robotics & Discrete Automation, sera intégrée à la division Process Automation. Cette branche comprend notamment l’automaticien B&R, bien connu des constructeurs de machines d’emballage. Le groupe s’articulera désormais autour de trois pôles d’activité distincts, renforçant sa cohérence stratégique.

Le conglomérat japonais affiche ses ambitions dans l’intelligence artificielle. Fondé en 1981 par Masayoshi Son, SoftBank opère dans les télécommunications, l’industrie et l’IA. L’évolution de la robotique vers l’intelligence artificielle représente justement l’un des axes technologiques sur lesquels le groupe mise pour l’avenir. Un nouveau siège social devrait être créé pour accueillir cette activité. Softbank a notamment été détenteur des robots humanoïdes Nao d’Aldebaran pendant quelques années.

Le produit de cette vente servira à renforcer les activités prioritaires d’ABB dans l’électrification et l’automatisation. SoftBank, de son côté, intégrera l’expertise robotique d’ABB à ses capacités en IA pour créer des synergies technologiques. Cette consolidation marque-t-elle le début d’une nouvelle ère où l’industrie européenne cédera ses fleurons technologiques aux champions asiatiques ?

Illustration en Une : © ABB

Source : ICT Journal


Sur le même sujet

TEST BRAS ROBOT NED2 (NIRYO) + TUTORIEL : Mise en place et programmation