Ariane 5

Après 27 ans de carrière, la fusée européenne Ariane 5 s’apprête à effectuer son ultime lancement ce vendredi 16 juin depuis la Guyane.

Ariane 5, une fiabilité remarquable

Depuis son premier vol en 1996, Ariane 5 a réalisé 116 lancements, dont seulement cinq ont échoué. Elle a ainsi acquis une réputation de fiabilité et de précision. Le lanceur est capable d’injecter des satellites sur l’orbite demandée avec une marge d’erreur minime. Ariane 5 s’est déclinée en cinq versions, adaptées à différentes missions : lancement de satellites de télécommunications, d’observation de la Terre ou encore d’exploration du système solaire.

Ariane 5 est un lanceur lourd, qui pèse 780 tonnes au décollage, soit l’équivalent de 600 voitures citadines. Elle peut placer sur orbite des charges allant jusqu’à 20 tonnes, selon l’altitude et l’inclinaison visées. La plus grande vitesse jamais atteinte par Ariane 5 a été de 10 410 m/s, soit 37 476 km/h. À cette vitesse, Paris n’est qu’à 9 minutes et 22 secondes de New York. Ce record a été établi le 2 mars 2004, lors du lancement de la sonde Rosetta vers la comète Tchouri.

Parmi les 116 lancements d’Ariane 5, certains ont marqué les esprits par leur importance scientifique ou stratégique. Outre Rosetta, la fusée a lancé les sondes Mars Express et Venus Express. Ces dernières ont étudié respectivement la planète rouge et la planète la plus chaude du système solaire. Elle a également mis en orbite les observatoires spatiaux Herschel et Planck. Ceux-ci ont scruté les origines de l’univers. Nous pouvons également citer le télescope spatial James Webb, qui succède à Hubble. Sur le plan militaire, Ariane 5 a lancé plusieurs satellites de télécommunications pour les forces armées françaises, comme Syracuse ou CSO.

© James Webb Space Telescope

Un projet avorté de vol habité

Ariane 5 n’a pas été conçue uniquement pour lancer des satellites automatiques. À l’origine, elle devait également servir de lanceur pour un avion spatial européen capable d’emporter des astronautes : Hermes. Ce projet, initié par le CNES en 1975 et repris par l’ESA en 1985. Il visait à doter l’Europe d’une autonomie dans le domaine du vol habité. Hermes devait être lancé par une version spécifique d’Ariane 5 et desservir la station spatiale européenne Columbus. Mais face aux difficultés techniques et financières, ainsi qu’au manque de volonté politique, le projet a été abandonné en 1992. Ce sont plus de quinze ans d’études et de développements qui ont été abandonnées.

Maquette de la petite navette spatiale Hermes. © Daniel Villafruela

Une concurrence accrue

Malgré ses succès, Ariane 5 a dû faire face à une concurrence de plus en plus rude sur le marché des lancements commerciaux. Depuis dix ans, de nouveaux acteurs spatiaux sont apparus. Le géant américain SpaceX propose des tarifs plus bas et des lanceurs réutilisables. Face à cette menace, l’Europe spatiale a décidé de développer un nouveau lanceur, Ariane 6, qui doit être plus économique et plus flexible qu’Ariane 5.

Ariane 6 est le successeur désigné d’Ariane 5. Ce nouveau lanceur doit effectuer son vol inaugural avant la fin de l’année, après plusieurs reports dus à la crise sanitaire et à des difficultés techniques. Ariane 6 reprend le meilleur d’Ariane 5, tout en apportant des améliorations sur le plan écologique et financier. Elle pourra avoir deux ou quatre propulseurs à poudre latéraux, selon la charge utile embarquée. Elle sera également plus respectueuse de l’environnement, en limitant les rejets dans le milieu naturel et en réduisant sa consommation énergétique.

Ariane Next est le nom de code du futur lanceur lourd européen qui doit succéder à Ariane 6 dans la décennie 2030. Ce lanceur sera conçu pour être plus compétitif et plus écologique que son prédécesseur, en utilisant notamment des technologies de réutilisation. Pour accompagner ce projet, ArianeGroup a dévoilé en septembre 2022 le concept de Susie (Smart Upper Stage for Innovative Exploration), un étage supérieur réutilisable et polyvalent, capable de réaliser des missions de transport cargo ou habité vers l’orbite terrestre basse, la station spatiale internationale ou l’orbite lunaire. Susie serait lancé par Ariane Next ou Ariane 6, et pourrait se poser sur Terre grâce à ses moteurs. Il pourrait également effectuer des opérations en orbite, comme le remorquage, l’inspection ou la maintenance de satellites. Susie est une proposition d’ArianeGroup qui n’a pas encore été acceptée par l’Agence spatiale européenne.

Un adieu historique à Ariane 5

Ce vendredi 16 juin 2023, la fusée européenne Ariane 5 effectuera son dernier vol depuis le Centre spatial guyanais. Le lancement, baptisé VA261, mettra en orbite deux satellites : Syracuse 4B, un satellite de télécommunications militaires français, et Heinrich Hertz, un satellite expérimental de télécommunications allemand. Ce vol sera la 117e et ultime mission d’Ariane 5. Pour ne pas manquer ce moment historique, vous pourrez suivre le lancement en direct sur le lien ci-dessous, vendredi 16 juin à partir de 22h55 CEST. Vous pourrez également assister au roulage de la dernière Ariane 5, qui aura lieu la veille du lancement à partir de 15h CEST. Il s’agit de l’étape où le lanceur quitte le bâtiment d’assemblage final pour rejoindre son pas de tir à une vitesse de 3 à 4 km/h.

Direct vers le dernier vol d’Ariane 5 de l’histoire.

Un héritage à préserver

Ariane 5 tire sa révérence après une carrière exceptionnelle, qui a fait la fierté de l’Europe spatiale. Elle laisse derrière elle un héritage technologique et scientifique, mais aussi humain. Des milliers de personnes ont travaillé sur ce programme, que ce soit au Centre spatial guyanais, au Centre spatial de Toulouse ou chez les industriels partenaires. Ariane 5 a également permis de renforcer la coopération entre les pays européens, qui ont uni leurs efforts pour concevoir et exploiter ce lanceur. Ariane 6 saura-t-elle prendre la relève et maintenir le leadership européen dans le domaine spatial ?

Illustration en Une : © James Webb Space Telescope

Site officiel d’Arianespace.


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