MMX Idefix

En collaboration avec la mission japonaise MMX, l’Europe va déposer un robot, Idefix, sur Phobos, l’une des deux lunes de la planète Mars.

Un projet franco-allemand embarqué sur une mission japonaise

En 2024, un petit robot de la taille d’une boîte à chaussures s’envolera vers la plus grande des deux lunes de Mars, Phobos. Son nom : Idefix, un clin d’œil au premier satellite français Astérix et au fidèle compagnon des célèbres Gaulois. Ce rover francoallemand est l’un des éléments clés de la mission MMX (Martian Moons Exploration), menée par l’agence spatiale japonaise JAXA.

Phobos est un petit corps céleste de 27 kilomètres de diamètre. Il orbite à seulement 6 000 kilomètres de la surface de Mars. Sa forme irrégulière et sa couleur sombre suggèrent qu’il s’agit d’un astéroïde capturé par la gravité de la planète rouge. Mais son origine exacte reste un mystère, tout comme sa composition et sa structure interne. Phobos est également condamné à disparaître dans quelques millions d’années. En effet, il se rapproche progressivement de Mars et finira par se briser ou s’écraser. Il est possible que ses débris finissent par former un anneau autour de la planète.

Phobos, la plus grosse des deux lunes de Mars. © NASA / JPL

MMX, une mission ambitieuse et inédite

La mission MMX a pour objectif d’étudier les deux lunes de Mars, Phobos et Deimos. De plus, il s’agira de rapporter des échantillons de Phobos sur Terre. Le lancement est prévu en septembre ou octobre 2024, avec une arrivée dans le système martien en 2025. La sonde spatiale MMX se placera en quasi-orbite autour de Phobos (une trajectoire complexe qui permet de rester proche de la lune sans être perturbé par la gravité de Mars). Elle effectuera une cartographie détaillée de sa surface. MMX se posera ensuite brièvement sur Phobos pour collecter des échantillons à l’aide d’un bras robotique. Elle déposera également le rover Idefix, qui explorera les environs du site d’atterrissage pendant une centaine de jours.

Idefix est un rover de 25 kilogrammes et de 41,5 centimètres de haut, conçu conjointement par le CNES (Centre national d’études spatiales) français et le DLR (Centre aérospatial allemand). Il est équipé de quatre roues motrices et d’une caméra stéréoscopique pour se déplacer et observer son environnement. Il dispose également de deux instruments scientifiques : un spectromètre infrarouge pour analyser la composition minéralogique de Phobos, et un magnétomètre pour mesurer son champ magnétique.

Idefix devra faire face à des conditions extrêmes sur Phobos : une gravité très faible (environ deux millièmes de celle de la Terre), des variations thermiques importantes (de -150°C à +50°C), et une exposition aux radiations solaires et cosmiques. Pour éviter de s’envoler ou de basculer, il se déplacera à la vitesse maximale de 3 centimètres par seconde. Pour résister au froid, il sera doté d’un système de chauffage alimenté par des batteries rechargeables grâce à des panneaux solaires.

Les missions russes Phobos, des précurseurs malchanceux

Avant MMX, d’autres tentatives d’exploration de Phobos ont été menées par l’Union soviétique, en partenariat avec l’Europe. Les missions Phobos 1 et 2, lancées en 1988, avaient pour objectifs d’étudier l’environnement interplanétaire, le Soleil, la planète Mars et ses deux lunes. Phobos 1 a perdu le contact avec la Terre en route vers Mars, à cause d’une erreur humaine. Phobos 2 a réussi à se placer en orbite autour de Mars et à transmettre des données scientifiques, mais a échoué à se rapprocher de Phobos et à larguer deux petits atterrisseurs sur sa surface. Les causes de la perte de la sonde restent incertaines. Ces missions ont néanmoins permis de collecter des informations précieuses sur le système martien et de préparer les futures explorations.

Une contribution à la connaissance du système martien

L’exploration de Phobos par Idefix permettra d’apporter des informations précieuses sur cette lune énigmatique, qui pourrait être un témoin des premiers temps du système solaire. Les données recueillies par le rover compléteront celles obtenues par la sonde MMX et les échantillons rapportés sur Terre. Elles contribueront également à mieux comprendre le système martien dans son ensemble, notamment les interactions entre Mars et ses satellites.

Idefix est le premier rover franco-allemand à être envoyé dans l’espace, et le premier rover à se poser sur une lune de Mars. Il représente un défi technologique et scientifique majeur, qui mobilise les compétences et l’expertise des deux agences spatiales partenaires. Il illustre également la coopération internationale qui caractérise l’exploration spatiale, puisqu’il s’inscrit dans le cadre d’une mission japonaise à laquelle participent également les États-Unis.

Idefix va-t-il réussir à se déplacer sur Phobos sans s’y enfoncer ? La mission va t-elle réussir à prélever des échantillons ? Réponse en 2027, date prévue du retour des échantillons sur Terre.

Illustration en Une : © CNES / DLR / Bing Image Creator

Plus d’informations sur le site du CNES.


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