Au sommaire cette semaine :
- Un robot qui cuisine à votre place,
- Un robot qui s’occupe de votre jardin,
- Et pour finir une fusée réutilisable collaborative,
Voici « En Route vers le Futur » numéro 9 !
Un robot qui cuisine à votre place
Vous avez probablement un robot de cuisine à la maison. En réalité, le mot robot est ici mal utilisé, car ce sont plutôt des mélangeurs, des mixeurs. Certes, ils vous permettent de passer moins de temps en cuisine en s’occupant des taches rébarbatives. Mais, il faut plutôt les voir comme des automates que des robots, même si les robots de dernière génération comme les Companion, Monsieur Cuisine, Magimix ou Thermomix commencent à être équipés de capteurs provenant du milieu de la robotique. Personnellement, je préfère les appeler blender pour ne pas les confondre avec les vrais robots de cuisine comme ceux que je vais vous présenter.
En 2015, le britannique Mark Oleynik a fondé Moley Robotics dans le but de proposer de goûter à de la cuisine de chef sans avoir pour autant les compétences pour la préparer.
Après 5 ans de développement, Moley Robotics commercialise enfin son Moley Kitchen à destination des foyers. Ce robot consiste en deux bras suspendus au plafond ou bien au mur, qui se propose de cuisiner l’une des 5 000 recettes qu’il a dans sa base de données.
Confortablement installé dans votre canapé, sélectionnez votre repas sur la tablette à la manière d’un menu de restaurant. Ensuite, préparez les différents ingrédients dont le robot a besoin, dans des petits bols à placer sur l’espace de travail.
Alors que vous vous occupez des devoirs de vos enfants, ou que vous lisiez le dernier numéro de Planète Robots dans votre fauteuil favori, le robot commence à s’animer et sortir ses ustensiles de cuisine. Il utilisera vos ingrédients et préparera le repas en effectuant des gestes très professionnels.
Comment fait-il pour connaître cette gestuelle ?
Ce sont tout simplement de grands chefs, comme le cuisinier britannique Tim Anderson, lauréat du MasterChef de la BBC en 2011, qui ont appris ces gestes au robot. Ils ont effectués les recettes en utilisant des gants haptiques, qui enregistrent les mouvements. Le robot ré-interprète ces même gestes au millimètre près.
Mais est ce qu’il fait la vaisselle après ?
Heu… Non… Par contre, il nettoie son poste de travail quand il a terminé. C’est déjà pas mal !
Et cela vaut combien ?
Moley Robotics a déjà commercialisé son robot pour le milieu industriel et hôtelier, le modèle Kitchen qui est enfin commercialisé est destiné au grand public. Bon… Grand public heu… Grand public aisé quand même… Puisqu’il est commercialisé à 271 000 Euros, le prix d’un petit yacht.
Ce tarif n’a pas freiné les premiers acquéreurs car ce sont déjà plus de 1 200 Moley Kitchen qui ont été pré-commandés. L’entreprise britannique espère réduire ses tarifs dans les prochaines années par le principe des économies d’échelle. On peut imaginer que des tarifs bien plus abordables pourront être pratiqués dans une dizaine d’années.
Dans les fiches, je vous ajoute une vidéo où je présente un robot qui prépare jusqu’à 360 repas par heures, le Karakuri DK-One.
Un potager autonome
Vous désirez avoir un potager pour y cueillir vos propres fruits et légumes, mais vous pensez ne pas avoir la main verte ou vous n’avez simplement pas le temps ou la patience de vous en occuper.
En 2011, le jeune américain Rory Aronson est étudiant en ingénierie mécanique. Dans ses heures de loisir, il se passionne par le jardinage et fait pousser ses propres légumes. Il découvre les tracteurs qui arrachent les mauvaises herbes automatiquement dans les champs de laitue, sans avoir besoin de pesticides. Rory s’est demandé comment il pourrait adapter ce principe mais dans son petit jardinet, pour un prix dérisoire.
Il a commencé par publier un livre blanc décrivant les principe d’une machine agricole pouvant être développée et améliorée par une communauté libre. En 2014, il obtient une bourse qui lui permet de développer son projet Farmbot à plein temps. Des développeurs l’ont rejoins et une véritable communauté a commencé à naître autour de ce projet open-source.
Cela veut dire quoi open-source ?
C’est tous simplement que le projet est libre. N’importe qui peut le reproduire chez lui, et surtout contribuer pour l’améliorer. Les plans et logiciels sont disponibles gratuitement et ouvert à tous, sans aucune restriction.
Aujourd’hui, Farmbot existe en deux modèles, Express ou Genesis, et en plusieurs tailles, de 3,6 m² à 18 m². Le modèle Genesis possède des capteurs supplémentaires, des matériaux plus durables, un support d’outil universel et une capacité de calcul plus puissante.
L’ordinateur utilisé est un Raspberry Pi, le modèle Zero W pour l’Express et le 3 B pour le Genesis.
Mais oui, tu en as déjà parlé dans une autre vidéo !
Oui, j’ajoute dans mes fiches, là, ma petite présentation du Raspberry Pi 400, un ordinateur à moins de 100 Euros.
Farmbot travaillera 24H sur 24, 7 jours sur 7, sur votre jardin. Il est capable de planter une trentaine de cultures différentes. Depuis le logiciel, choisissez ce que vous désirez faire pousser : laitue, radis, betteraves, blette, ou presque n’importe quoi d’autre. Il peut même s’occuper de plantes poussant vers l’extérieur comme de la vigne ou des plantes grimpantes afin de doubler ou tripler la superficie de la culture.
Le modèle express peut nourrir aisément une personne alors que le Genesis XL peut subvenir aux besoins d’une famille de 4 personnes.
Le robot a besoin d’électricité, mais des solutions existent pour utiliser l’énergie solaire. Farmbot a également besoin d’eau, mais bien moins que dans un jardin normal puisqu’il n’envoie de l’eau que là où l’en a vraiment besoin. Et enfin, le robot a besoin d’une connexion Internet puisque le logiciel est une application Web.
Farmbot doit coûter très cher, non ?
Pas tant que cela ! Si vous êtes bon bricoleur, je vous rappelle que ce projet est open source, et donc n’importe qui peut le reproduire dans son jardin ou dans un lycée. C’est un projet hautement didactique car il mêle de nombreuses disciplines : informatique, mécanique, agriculture.
Et si en plus de ne pas avoir la main verte, vous n’êtes pas un bon bricoleur, rien ne vous empêche de commander un Farmbot en kit à partir de 1 250 € pour le plus simple des modèles. En le commandant ainsi, vous aider à financer le projet donc à l’améliorer.
Une fusée réutilisable collaborative
Alors que personne n’y croyait, SpaceX démontre en 2014 que l’on peut faire atterrir une fusée après sa mission pour la réutiliser. Depuis l’entreprise américaine réutilise presque toute ses fusées jusqu’à 5 fois.
Les fusées européennes Ariane 5 sont des plus performantes actuellement au monde. Mais elles coûtent cher, en partie à cause de la destruction de la fusée à chaque lancement.. Certes, les futures Ariane 6 qui devraient décoller à partir de 2022 devraient réduire ce coût presque de moitié, mais SpaceX a pris une telle avance que cela ne suffira plus pour rester dans la course, économiquement.
L’Europe travaille déjà au futur remplaçant d’Ariane 6. Dénommé actuellement Ariane Next, ce projet de lanceur réutilisable repose essentiellement sur deux prototype de fusées capables de décoller et ré-atterrir après un vol. Il y aura tout d’abord Themis qui devrait faire ses premiers bonds en 2022, puis Callisto l’année suivante.
En plus de ces deux prototypes, il en existe un autre qui a déjà fait ses premiers sauts, Frog. Comme son nom l’indique, Frog est un petit démonstrateur qui permet d’étudier les bonds d’un lanceur. Il vise à tester le guidage, la navigation et le contrôle d’une fusée qui décolle puis revient se poser.
Comme le fait SpaceX, les équipes travaillant sur Frog apprennent par expérimentation. Nous en avons parlés dans l’épisode 7, que vous pouvez retrouver dans cette fiche. C’est à dire que l’on apprend par l’analyse des erreurs.
Le prototype actuel, Frog-T, mesure 2mètres et demi de haut pour 30 cm de diamètre et fonctionne grâce à un turbo-réacteur fonctionnant au kérosène. Il possède une tuyère orientable pour stabiliser son vol. En septembre, il a fait son premier vol à 50 mètres d’altitude avant de se poser.
Un nouveau prototype, le Frog-H, est déjà en développement pour prendre la suite. Il fonctionne avec un véritable moteur fusée utilisant du peroxyde d’hydrogène. Ses bonds, plus proches d’un vrai lanceur devrait décoller jusqu’à 100 mètres d’altitude puis se reposer 100 mètres plus loin de son point de départ. Celui-ci devrait voler pour la première fois en 2022.
En quoi Frog est-il collaboratif ?
Ce n’est pas que l’agence spatiale française, le CNES, qui travaille dessus mais également une école, l’IUT de Cachan à travers son fablab Innovlab, l’association d’éducation populaire Planète Sciences, mais aussi le privé comme Polyvionics, Drones-Center et Sonatronic. On y trouve donc des passionnés, des étudiants et des ingénieurs d’horizons très différents : du spatial, des drones même des makers d’un fablab).
A quoi vont servir les résultats ?
Ils seront directement exploités par l’agence spatiale européenne, l’ESA, comme base pour leurs propres futurs prototypes, largement plus évolués, Themis et Callisto.
Et dès 2025, si le calendrier ne glisse pas trop, une évolution d’Ariane 6 pourrait voir le jour. Elle pourrait ainsi bénéficier de l’expérience de Frog, Themis et Callisto et avoir un premier étage qui pourrait revenir se poser après avoir effectué son vol. Ce premier étage pourrait donc être réemployé dans d’autres vols.