Risc-V

L’architecture des processeurs x86/64 d’Intel et AMD a monopolisé le marché pendant plus de 30 ans. Ce sont désormais les processeurs ARM qui deviennent majoritaires. Ces processeurs sont nés en 1987 pour équiper les ordinateurs Archimedes d’Acorn. Malheureusement, ils sont depuis devenus un quasi monopole, empêchant l’émergence de nouvelles technologies. Mais un prétendant, le Risc-V, pourrait rebattre les cartes du marché des processeurs. Même Google semble réfléchir à changer de fusil d’épaule.

Qu’est-ce que le RISC-V ?

Le RISC-V est un jeu d’instructions open source basé sur les principes du RISC (Reduced Instruction Set Computer). Il vise à simplifier la conception des processeurs et à réduire leur consommation d’énergie. Contrairement aux architectures concurrentes comme ARM ou x86, le RISC-V est libre de droits. Il peut être adapté aux besoins de chaque fabricant ou développeur. Le RISC-V est également modulaire. Cela signifie qu’il peut être étendu avec des extensions optionnelles pour ajouter des fonctionnalités spécifiques. Nous pouvons citer des fonctionnalités comme la cryptographie ou le calcul vectoriel.

Quels sont les atouts du RISC-V face à l’ARM ?

L’un des principaux atouts du RISC-V est sa flexibilité. En effet, le RISC-V permet aux concepteurs de choisir les extensions qu’ils veulent implémenter, en fonction de leur domaine d’application. Par exemple, un processeur destiné à une montre connectée n’aura pas besoin des mêmes extensions qu’un processeur destiné à un serveur ou à un smartphone. Le RISC-V offre ainsi la possibilité de créer des processeurs sur mesure, optimisés pour chaque usage.

Un autre atout du RISC-V est son coût. En étant open source et sans royalties, le RISC-V réduit les barrières à l’entrée pour les nouveaux acteurs du marché des processeurs. Le RISC-V favorise également l’innovation et la collaboration. Ce processeur permet à la communauté de contribuer à son développement et à son amélioration. Le RISC-V est soutenu par de nombreuses sociétés et organisations. Cette liste inclue Google, Nvidia, Qualcomm, Intel, Samsung, ou encore la fondation RISC-V International, qui regroupe plus de 500 membres.

Le BeagleV-Fire est une alternative aux cartes Raspberry Pi, utilisant un processeur libre Risc-V au lieu du classique ARM. © BeagleBoard

Comment Google adopte le RISC-V pour Android ?

Google a annoncé récemment qu’il travaillait à rendre Android compatible avec le RISC-V. Le géant américain a déjà réussi à faire tourner une version simplifiée d’Android Open Source Project (AOSP) sur un processeur RISC-V. Google prévoit de proposer un kit de développement ainsi que des versions régulières d’Android pour RISC-V. Google compte également fournir des émulateurs RISC-V pour les processeurs Intel x86/x64 et ARM64, afin de faciliter les tests et les évaluations des développeurs.

Le géant du web a également rejoint le projet RISE (RISC-V Software Ecosystem), qui vise à promouvoir le RISC-V et à encourager les développeurs à y porter leurs applications. Ce projet est porté par de nombreux acteurs du RISC-V, comme SiFive, T-Head, Ventana Micro System, Rivos, Andes Technology, ou encore Imagination Tech.

Google a indiqué que son objectif était de faire du RISC-V une plateforme de premier plan pour Android, au même titre que l’ARM ou le x86. Pour cela, Google a défini un ensemble d’extensions que les processeurs RISC-V devront supporter pour faire tourner Android, comme la crypto vectorielle ou le support des contrôleurs de périphériques.

Quels sont les premiers produits Android basés sur le RISC-V ?

Google a annoncé que le premier domaine d’application du RISC-V pour Android serait celui des montres connectées. En effet, Google a noué un partenariat avec Qualcomm pour développer une puce RISC-V pour Wear OS, le système d’exploitation pour les smartwatches. Cette puce devrait offrir une meilleure autonomie et une meilleure performance que les puces ARM actuelles.

L’entreprise n’a pas encore révélé de date de sortie pour cette puce, ni pour les montres qui l’embarqueront. On peut toutefois s’attendre à ce que les principaux fabricants de montres connectées, comme Samsung, Fossil, ou Mobvoi, adoptent le RISC-V pour leurs futurs modèles.

Google n’a pas non plus annoncé de projet de smartphone Android basé sur le RISC-V, mais il n’exclut pas cette possibilité. Il faudra toutefois attendre que les processeurs RISC-V gagnent en puissance et en maturité, car ils sont encore loin de rivaliser avec les processeurs ARM les plus performants.

Si Google adoptait le Risc-V en lieu et place d’ARM pour les smartphones Android, cela permettrais de baisser sensiblement les tarifs des smartphones grâce à un cout de licence qui n’a plus lieu d’être.

Quels sont les enjeux du RISC-V pour Android ?

L’adoption du RISC-V par Google pour Android représente un enjeu stratégique pour le marché des processeurs et des systèmes d’exploitation. En effet, le RISC-V pourrait offrir une alternative crédible à l’ARM, qui domine actuellement le secteur de la mobilité. Le RISC-V pourrait également permettre à Google de réduire sa dépendance vis-à-vis des fabricants de puces, comme Qualcomm ou Samsung, et de proposer des produits plus personnalisés et plus différenciés.

Le RISC-V pourrait aussi avoir un impact sur la concurrence entre les systèmes d’exploitation. En effet, le RISC-V pourrait attirer de nouveaux utilisateurs et de nouveaux développeurs vers Android, en leur offrant plus de choix et de liberté. Le RISC-V pourrait également inciter d’autres acteurs, comme Apple ou Microsoft, à s’intéresser à cette architecture et à la supporter sur leurs propres systèmes.

Illustration en Une : © Samsung

Site officiel de Risc-V International.


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