Des chercheurs australiens ont développé une intelligence artificielle (IA), Apate, un chatbot capable de converser avec les arnaqueurs qui appellent au hasard des numéros de téléphone. Le but : les faire perdre leur temps et les dissuader de continuer leur activité frauduleuse.
Un fléau mondial
Les appels téléphoniques frauduleux sont un fléau mondial qui touche des millions de personnes chaque année. Selon l’ACCC (Australian Competition & Consumer Commission), les Australiens ont perdu l’équivalent de plus de 3,1 milliards d’euros au profit des arnaqueurs en 2022. Ces derniers utilisent des techniques de manipulation et de mensonge pour soutirer de l’argent ou des informations personnelles à leurs victimes. Ils se font passer pour des agents du fisc, des banques, des assurances ou des organismes officiels.
Une idée originale
Pour lutter contre ce phénomène, des chercheurs de l’université Macquarie, en Australie, ont eu une idée originale : créer un chatbot, c’est-à-dire un programme informatique capable de dialoguer avec un interlocuteur humain, pour répondre aux appels des escrocs et les piéger. Le chatbot, baptisé Apate, du nom de la déesse grecque de la tromperie, utilise l’intelligence artificielle et le traitement du langage naturel pour tenir une conversation crédible avec les arnaqueurs.
L’objectif d’Apate est double : d’une part, faire perdre le plus de temps possible aux escrocs, afin qu’ils ne puissent pas appeler d’autres personnes potentiellement vulnérables ; d’autre part, les décourager de continuer leur activité frauduleuse, en leur faisant croire qu’ils ont affaire à la “victime idéale”, mais qui ne leur rapportera jamais rien. Ainsi, Apate vise à briser le modèle économique des appels frauduleux et à le rendre non rentable.
Un prototype prometteur
Le chatbot Apate est encore en phase de développement, mais il a déjà montré des résultats prometteurs lors de tests réalisés avec des appels réels. Selon le professeur Dali Kaafar, directeur exécutif du centre de cybersécurité de l’université Macquarie et initiateur du projet, Apate a réussi à garder les escrocs en ligne pendant plus de 20 minutes en moyenne, avec un record de 45 minutes. Le chatbot adapte son discours en fonction du type d’arnaque et du niveau de sophistication de l’escroc.
Le chatbot Apate repose sur une technologie qui combine plusieurs techniques d’intelligence artificielle. Il utilise notamment le deep learning, qui permet d’apprendre à partir de données massives, et le reinforcement learning, qui permet d’optimiser son comportement en fonction d’une récompense. Apate est également capable de parler à haute voix en langage naturel, grâce à la synthèse vocale et à la reconnaissance vocale. Il peut ainsi imiter la voix et l’accent d’une personne âgée ou d’un jeune.
Le chatbot Apate est toujours en cours de développement. Les chercheurs travaillent à améliorer ses performances et à le rendre plus robuste face aux différentes situations. Ils doivent également résoudre les défis techniques, éthiques et juridiques liés à son déploiement. Il n’existe pas encore de date de sortie officielle pour Apate, ni de modalités de distribution. Les personnes intéressées par le projet peuvent toutefois contacter les chercheurs via le site web apate.ai.
Une solution complémentaire
Le chatbot Apate n’est pas la seule solution pour lutter contre les appels frauduleux. Il existe également des moyens de prévention et de protection, tels que le signalement des numéros suspects, le blocage des appels indésirables ou la vérification des informations avant de les communiquer. Apate se veut donc une solution complémentaire, qui vise à agir sur le long terme en dissuadant les escrocs de poursuivre leur activité. Le chatbot pourrait être proposé aux opérateurs téléphoniques ou aux particuliers qui souhaitent s’en équiper.
Apate est un projet ambitieux et original, qui montre comment l’intelligence artificielle peut être utilisée pour le bien commun. Mais il soulève aussi des questions éthiques et juridiques : est-il légitime de tromper les escrocs ? Quels sont les risques de dérives ou d’abus ? Comment garantir la sécurité et la confidentialité des données ? Apate est-il une arme à double tranchant ?
Illustration en Une : Générée par Bing Image Creator
Site officiel d’Apate.
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