L’informatique quantique

Un ordinateur conventionnel fonctionne avec un langage binaire. Il ne sait compter et traiter des informations que si elles sont une suite de 0 et de 1. Le processeur d’un ordinateur que l’on pourrait schématiser basiquement comme son cerveau est composé de transistors, c’est à dire des interrupteurs microscopiques qui font passer du courant, 1, ou pas de courant, 0. Ensuite des portes logiques s’occupent d’additionner, soustraire ou comparer ces données. Un processeur de PC moderne possède environ 10 milliards de transistors.

Un bit est l’unité de base, il est soit 0, soit 1. Pour qu’un ordinateur puisse communiquer avec nous, il doit traduire tous nos ordres en 0 et 1, faire ses calculs, puis retransformer ses 0 et 1 en langage compréhensible par un humain.

Ordinateur quantique D.Wave – © D-Wave Systems Inc.

Quelle est la différence avec un ordinateur quantique ?

Avant cela, je vais juste revenir sur ce qu’est la mécanique quantique.

Il paraît que c’est plus fort que la magie !

Non, il n’y a rien de magique là-dedans. Mais, en effet, de nombreux charlatans essaient de vendre des possibilités magiques sur quelque chose qu’ils croient maîtriser. Alors qu’en réalité, ils mélangent des faits effectivement constatés avec des fantasmes de science-fiction. Et bien sûr, ils n’en apportent pas vraiment la preuve !

Bref, fermons la parenthèse !

Dans l’infiniment petit, nous avons découvert qu’une particule pouvait être dans deux états à la fois. C’est à dire qu’elle peut être à deux ou même plusieurs positions différentes au même moment, tant qu’on ne l’observe pas ou que rien ne vient la perturber. Par contre, si on l’observe, que l’on prenne une mesure, elle n’a plus qu’une seule position. C’est ce que l’on appelle la superposition quantique.

Pour expliquer le principe, le physicien Erwin Schrödinger nous propose d’imaginer une boite, dans lequel on place un chat. On y met également une source radioactive.

Oooh, le pauvre chat !!

Cette source radioactive est mesurée en permanence par un compteur Geiger. Si celui-ci détecte un certain niveau de radioactivité, il casse un flacon contenant un gaz mortel qui tuera instantanément le chat.

Et on ferme la boite.

Non, mais t’es méchant avec Nao !!

Maintenant que la boite est fermée, il est impossible de savoir si le chat est toujours vivant (1), ou s’il est mort (0). Le chat est finalement dans les deux états en même temps, vivant ET mort.

Mais ouvre !! J’espère qu’il va bien, sinon je serais pas contente !

En ouvrant la boite, nous pouvons l’observer. Dans notre cas, il est vivant.

Attention, en réalité un chat ne peut pas être quantique. Cela ne se passe qu’avec des éléments de l’infiniment petit.

Dans la mécanique quantique, seule l’observation permet de connaître la valeur d’une donnée. Tant qu’elle n’est pas observée, elle peut avoir plusieurs valeurs en même temps.

La superposition d’un |0> et d’un |1> s’appelle un qubit, ou bit quantique.

Un ordinateur quantique va donc utiliser comme base un qubit et non plus un bit.

Et qu’est ce que cela change ?

Pour simplifier, quand un ordinateur conventionnel traite une série de bits, il les traite à la queue-leu-leu, les uns après les autres. Un ordinateur quantique recevra des qubits, soit des 0 et des 1 superposés, qu’il traitera en une seule fois. De plus, on peut donner des coefficients sur chaque état d’un qubit, pour varier leur importance dans le résultat.

La puissance d’un ordinateur quantique peut se mesurer en nombre de qubits qu’il peut traiter ainsi à la fois. Un ordinateur quantique pouvant traiter 20 Qubits a l’équivalent de puissance de calcul d’un ordinateur conventionnel de bureau. Pour 40 Qubits, nous avons l’équivalent des plus gros calculateurs du monde. Le jour ou nous arrivons à produire un ordinateur de 300 Qubit, nous obtiendrions la même puissance de calcul que si nous possédions un ordinateur conventionnel de la même taille que l’ensemble de l’univers observable. Aujourd’hui, début 2021, les ordinateurs quantiques les plus puissants font entre 28 et 53 qubits. Et la tendance est presque à une multiplication par deux tous les ans.

Cela doit donner des jeux démentiels dessus !

Et bien, c’est plus compliqué que ça. Un ordinateur quantique va calculer un problème mathématique de façon extrêmement rapide. Mais c’est tout. Pour le reste, un ordinateur conventionnel sera plus rapide car plus polyvalent. Par contre, un ordinateur quantique va pouvoir faire une recherche complexe dans une base de donnée immense en un temps record. Il va crypter ou décrypter un message les deux doigts dans la RAM. Il va séquencer un génome en un claquement de doigt quand il fallait plusieurs années de calculs il y a encore quelques décennies. Cela ouvre des possibilité immenses pour de nouveaux traitements médicaux qui pourraient venir à bout de nombreuses de nos maladies. Etc, etc.

Wow, on aura ça quand à la maison ?

Et bien, figures-toi que c’est là où je voulais en venir. Tu peux déjà accéder à un ordinateur quantique à la maison depuis quelques semaines. Enfin… presque…

Azure Quantum © Microsoft

Microsoft propose un nouveau service cloud, c’est à dire en ligne, Azure Quantum. Celui-ci permet, de chez soi, de vous connecter à un ordinateur quantique d’environ 11 qubits et d’y développer des applications. Un langage spécifique, le Q# (Q Sharp) est mis à votre disposition pour y arriver. Ce service est avant tout pour permettre aux développeurs de s’initier à la programmation d’un ordinateur quantique, et ainsi d’acquérir de l’expérience avant de pouvoir travailler sur un véritable ordinateur quantique.

Et cela coûte combien ?

Ben… C’est gratuit ! … enfin presque…

C’est gratuit pendant une heure. Microsoft propose des tutoriels pour apprendre à programmer un ordinateur quantique, qui induit une logique totalement différente de la programmation classique. Mais une fois l’heure passée, la suivante est à 800 € !

Une autre solution existe pour s’entraîner. Il existe des simulateurs virtuels d’ordinateurs quantiques comme le Quantum Development Kit, qui contient également le Q#. C’est un kit de développement complet, open-source et gratuit, qui possède un simulateur pour tester ses algorithmes. Bien sur, les capacités de cet ordinateur quantique simulé sont très faibles.

Si vous êtes développeur, démarquez-vous en vous initiant avant tout le monde à l’informatique de demain !

Les cabines de Virgin Hyperloop

Cabine d’une capsule de Virgin Hyperloop – © Virgin Hyperloop

Je vous ai déjà présenté le concept de l’hyperloop dans ma chronique numéro 3 que je met en fiche ici.

C’est une sorte de train en lévitation magnétique dans un tube à vide. Il permet de transporter du fret ou des passagers à une vitesse de 1 100 km/h. Tout en sachant qu’un avion de ligne ne dépasse pas les 950 km/h.

Si on imagine une ligne hyperloop entre Paris et Albertville, éloigné de 450 km à vol d’oiseau, en une demi-heure vous êtes sur place et en moins d’une heure, vous êtes sur les pistes de ski ! Si vous préférez la plage, Crotoy situé à 150 km de Paris, sera accessible en moins de 10 mn.

Hyperloop n’est pas une marque, mais un système libre et n’importe quel industriel peut développer son propre modèle. Virgin Hyperloop fut une des premières sociétés créé en 2014 autour de ce projet. En novembre 2020, elle a fait son premier test avec des passagers sur un tronçon de 500 mètres, à une vitesse de 173 km/h.

Le 27 janvier dernier, Virgin Hyperloop a présenté dans une vidéo un voyage tel qu’il pourrait se dérouler dans une capsule hyperloop dans quelques années.

On y découvre une espèce de gare de triage dans le centre d’une ville hypothétique. L’intérieur est semblable à une gare de métro parisien. On y commande son ticket depuis une application sur son smartphone lorsque l’on arrive sur place. L’application vous indique aussitôt l’heure du départ, la porte de votre capsule ainsi que la place qui vous est attribuée. Chaque capsule contient une petite vingtaine de places, en blocs de 2 sièges ou unique, mais également des toilettes. Des messages apparaissent sur des écrans LED intégrés derrière de fines couches de bois. Ils vous invitent à vous asseoir.

A l’heure dite, votre capsule se détache des portes et part rejoindre d’autres capsules avant de commencer le voyage. Les écrans LED indiquent désormais un décompte du temps de voyage restant ainsi que la vitesse du véhicule.

Ici, pas de fenêtre. Nous sommes dans un lieu clos puisque hyperloop se déplace à travers un tube complètement opaque. Pour montrer la stabilité du voyage, la vidéo montre un thé posé sur une tablette qui ne se renverse pas malgré une vitesse de pointe à 670 miles par heures, soit un peu moins de 1 080 km/h.

Lors d’embranchements, chaque capsule prend la direction qui lui a été programmée, qu’importe sa place dans le groupe initial.

Enfin, à l’arrivée en gare, la porte s’ouvre comme si vous sortiez du métro.

Tu compares souvent hyperloop au métro !

C’est normal, car l’analogie dans son utilisation est très proche. Hyperloop permet de mettre l’ensemble d’un territoire comme la France à des durées de transports proches des stations de métro d’une grande ville. En moins d’une heure, nous pourrions traverser la France de bout en bout.

Et c’est pour quand ?

Depuis les débuts des projets hyperloop, vers 2013, on parle d’un horizon de 5 ans. A ce jour, en dehors de pistes d’essais un peu partout dans le monde, dont deux en France, cela ne va pas beaucoup plus loin. De même, aucune capsule n’a atteint la vitesse de croisière prévue de 1 100 km/h. Le record actuel est de 463 km/h, ce qui est loin d’être négligeable.

De nombreuses lignes sont à l’étude un peu partout dans le monde, avec Virgin Hyperloop mais aussi avec l’ensemble de ses concurrents. En réalité, il reste encore quelques défis technologiques avant d’arriver à pouvoir mettre en place un tel moyen de transport. Notamment, je pense aux problèmes de dilatation des pylônes et des tubes ainsi que l’évacuation des passagers en cas de problèmes.

Un bras pour Spot

Le robot Spot va pouvoir attraper des objets avec son nouveau bras – © Boston Dynamics

Spot, le robot chien de Boston Dynamics est commercialisé depuis un peu plus d’un an, avec son modèle Explorer, vendu 74 500 $. Malgré un prix qui peut sembler important, il offre tellement de possibilités que ce sont déjà pas moins de 400 robots qui ont été déployés partout dans le monde.

On retrouve Spot principalement dans le milieu industriel, mais il est également présent dans le nucléaire, la construction, l’universitaire, la santé et même le divertissement.

Boston Dynamics, qui appartient désormais au coréen Hyundai, vient de présenter un nouveau modèle de son robot, particulièrement dédié au secteur industriel, le Spot Entreprise. Celui-ci possède un processeur plus puissant afin de pouvoir s’adapter à plus de situations. La durée de sa batterie est plus longue et le robot peut travailler jusqu’à 1h30 avant de devoir être rechargé.

Désormais, ce modèle n’a plus besoin de l’homme pour remplir sa batterie puisqu’il possède une base de recharge autonome où le robot vient se poser de lui-même en repérant le QR-Code correspondant, un peu à la manière des robots aspirateurs. Pendant sa charge de 2 heures, la base en profite pour sauvegarder les données en grands volumes depuis le robot.

La base est un véritable couteau suisse, car c’est elle qui fournit un serveur Wifi pour le robot afin que l’on puisse le contrôle à distance. Si le robot s’éloigne de son Wifi, il saura de lui-même revenir au dernier point où il le percevait. Pour plus de sécurité, le Wifi du robot n’est pas forcément connecté à Internet, il peut-être utilisé dans un réseau clos.

Le Spot Entreprise peut désormais être piloté à distance par le biais d’une application Web du nom de Scout. Avec elle, vous pouvez piloter le robot comme dans un jeu vidéo en donnant des directions au robot, ou bien en pointant sur le retour caméra l’endroit où vous voulez qu’il aille. Il sais se débrouiller tout seul avec les obstacles pour y arriver. Scout permet également de programmer des routines pour des rondes ou des taches répétitives.

Le principal atout de cette nouvelle version de Spot est évidemment de le transformer en un robot le plus autonome possible. L’humain n’est là plus que pour lui donner des ordres, il doit être capable de se débrouiller pour le reste, même de se relever en cas de chute.

Boston Dynamics a également présenté son bras articulé. C’est très loin d’être la première fois où nous le découvrons, il était même présent sur BigDog depuis des années. Mais, cette fois-ci, le bras est près à être commercialisé. Il fait 1 mètre de long et est replié sur lui-même sur sa moitié. A l’extrémité, nous trouvons une pince articulée contenant des capteurs. Il peut ramasser et porter des objets jusqu’à 5 kg.

Pour le moment, le bras n’est pas utilisable par le logiciel Scout, mais ce n’est probablement qu’une question de temps.

Si vous voulez en savoir plus sur Spot, j’ai interviewé la société Intuitive Robots à Nantes dans ma cinquième chronique que vous pouvez trouvez dans la fiche ici. Intuitive Robots commercialise des solutions basées sur le robot chien de Boston Dynamics.

Au sommaire cette semaine :

  • L’histoire fantastique du plus emblématique constructeur de robots au monde,
  • Un robot qui vient charger votre voiture électrique,
  • Et pour finir un parc d’attraction sur les nouvelles technologies en Belgique.

Voici « En Route vers le Futur » numéro 10 !

Boston Dynamics rock’n’roll

Les robots de Boston Dynamics en démonstration de danse. © Boston Dynamics

La société américaine Boston Dynamics naît en 1992 en travaillant sur des simulations militaires 3D réalistes, destinées aux entraînements des soldats de l’armée américaine. Ce n’est que bien plus tard que l’entreprise commence à développer des robots, toujours dans une optique militaire.

Ils ont d’abord commencé par tenter plusieurs approches pour le déplacement. Plutôt que d’utiliser des roues comme tout le monde, Boston Dynamics a tout de suite essayer d’aller plus loin en développant des robots qui avancent sur 4 pattes, sur 2 pattes et même sur une seule !

Le robot BigDog est impressionnant mais bruyant ! © Boston Dynamics

C’est ainsi que BigDog est présenté en janvier 2009 par le biais d’une vidéo. On y voit un robot pouvant transporter de lourdes charges sur tout types de terrains, avec un pilotage à distance. Le robot devait être capable de se rétablir de lui-même s’il glissait ou si quelqu’un tentait de le faire tomber. Cette première vidéo étaient tellement impressionnante que le reste de la profession se prenait 10 ans de retard en direct live.

Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, Boston Dynamics présenta dans la foulée des vidéos de Rise, son robot capable de grimper sur les murs et les arbres comme un gecko ; LittleDog, son robot à 4 pattes plus petit que BigDog mais aussi à l’aise sur tous les terrains ; Rhex, un robot qui courre et nage à haute vitesse sur tous type de terrain ainsi que Petman, un pantin bipède qui déjà impressionne par son aisance.

Plus tard, ce bipède Petman commence à ressembler à un véritable humanoïde. Contrairement à Asimo de Honda, où chaque centimètre carré était passé au crible avant la moindre démonstration, Petman semble robuste et capable de gérer de marcher sans que 3 ingénieurs lui ai préparés le terrain. La physique de ses mouvements vient de faire prendre un sacré coups de vieux à tous les autres projets de robots humanoïdes dans le monde.

Pendant ce temps, Boston Dynamics continue de travailler sur ses robots à quatre pattes, à travers des versions différentes. LS3, pouvant transporter jusqu’à 180 kg sur plus de 30 km. On commence à le doter d’un bras pour porter, déplacer et même lancer des objets lourds. LS3 est développé pour travailler avec la Marine américaine. A côté, Cheetah est bien plus petit et léger, il est construit pour la vitesse. Le robot peut atteindre 45 km/h sur un tapis roulant et maintenu par un bras. Il parviendra quand même à atteindre les 30 km/h dans une version libre, sans ses fils ni maintenu par un bras. Il sera devenu le projet WildCat.

Wow, il court vite !

Malgré l’avance technologique impressionnante de Boston Dynamics, leurs robots ne convainquent pas l’armée américaine. Bien trop bruyants avec leurs bruits de moteurs de tondeuse à gazon, ils sont également trop gros. Bref, difficile de rester discret sur un champs de bataille avec ça. L’armée américaine déclare donc qu’elle n’est plus intéressée. Boston Dynamics n’ayant plus de financement de l’armée doit urgemment se trouver d’autres débouchés. Et c’est là qu’intervient Google qui rachète Boston Dynamics pour en faire des robots à usage uniquement civils. A l’époque, le leitmotiv de Google était « Don’t Be Evil », soit « Ne soit pas méchant ». Google a ainsi coupé tous les derniers liens qui pouvaient rester entre l’armée américaine et Boston Dynamics.

Le robot quadrupède Spot, dans son design final tel qu’il est désormais commercialisé. © Boston Dynamics

Sous le drapeau de Google, Boston Dynamics s’est recentré sur deux robots. Tout d’abord SpotMini, le résultat de toute la recherche de l’entreprise sur un unique robot quadrupède. Bien plus petit que BigDog ou WildCat, SpotMini utilise désormais une énergie uniquement électrique, sur batterie. Bien plus agile que ses prédécesseurs, il est capable de marcher, courir, monter un escalier, entrer dans une maison sans tout renverser, et peut être affublé d’un bras muni d’une pince pouvant attraper des objets. Le robot humanoïde Atlas a également réduit sa taille, d’1m88 à 1m75. Il arrive désormais à se déplacer sur tous type de terrain, il sait se rattraper suite à une glissade sur une plaque de verglas, avec plus d’agilité qu’un humain, il peut se servir de ses bras pour soulever des cartons de plus de 4 kg. Et essayer de le pousser pour le faire tomber est devenu peine perdue.

Les vidéos montrant des humains tenter de faire tomber le robot a lancé une vague d’émotion chez certaines personnes. Il semblerait que nous ayons de l’empathie pour des robots. Mais Il faut savoir qu’un robot n’est pas plus vivant qu’un grille pain ou qu’une caillou. Il faut le voir comme une marionnette qui bouge suivant certains réflexes que nous lui avons donnés, mais cela ne va pas plus loin que ça. Des vidéos parodiques se sont amusées à affubler les robots Atlas d’une conscience et d’un esprit de révolte. Or, ces vidéos humoristiques ont été prises pour vraie par une frange de la population et servent même d’arguments pour des groupuscules complotistes.

Heureusement que c’est une parodie !

Handle, un robot à vocation industrielle. © Boston Dynamics

Enfin, Google a lancé un troisième projet, Handle. C’est une espèce de robot kangourou, monté sur roues, avec deux bras d’Atlas. En équilibre à la manière d’un Segway, Handle se déplace jusqu’à 15 km/h, sur des terrains à différentes inclinaisons et de différentes matières. En répartissant l’équilibre de son poids, Handle peut soulever 45 kg à bout de bras, descendre des escaliers, et même sauter jusqu’à 1m20.

Malheureusement, Google, en changeant de nom pour Alphabet, estime que Boston Dynamics est très intéressant sur le plan technique mais n’y voir une rentabilité qu’à très longue échéance. Alphabet préfère travailler sur des robots pouvant être déployés très vite commercialement. Alors que Toyota était sur les rangs, c’est finalement le groupe japonais Softbank qui reprend Boston Dynamics en 2017. Softbank est dans une période d’achat compulsif, afin de devenir le numéro de la robotique. Ils ont déjà racheté le français Aldebaran Robotics avec ses robots Nao, Romeo et Pepper. Ils ont pris des parts dans Nvidia, pour ses avancées en matière d’intelligence artificielle.

Sous l’égide de Softbank, Boston Dynamics garde une certaine autonomie. L’entité n’a pas été fondue à Softbank Robotics, avec Nao ou Pepper. Boston Dynamics a continuer à travailler sur ses trois robots : SpotMini devant Spot ‘tout court’, Atlas et Handle. Spot a pris le design que l’on connaît aujourd’hui avec sa coque jaune emblématique. Ses capacités d’autonomie ont été améliorées et de prototype, il est passé à produit. Il est ainsi le premier robot de Boston Dynamics à être commercialisé en septembre 2019 pour un tarif de 75 000 dollars. Spot est désormais utilisé dans le milieu industriel pour transporter des pièces ou pour faire des rondes. Il a exploré les alentours de la centrale de Tchernobyl. Spot fait désormais partie du paysage et si vous avez de la chance, vous pouvez commencer à la croiser dans la rue. En suivant la petite fiche, ici, vous pouvez accéder à une interview que j’ai fait avec l’entreprise nantaise Intuitive Robots qui propose désormais Spot à son catalogue, en tant qu’intégrateur en robotique de service et industrielle. Quand à Handle, sa forme s’est rapprochée encore plus d’un kangourou puisqu’une queue lui permettant de garder son équilibre lui a été ajoutée afin de porter des charges plus lourdes. Ses deux petits bras ont été remplacés par un long muni d’un système de ventouses aspirantes. Ce robot est clairement pensé pour le milieu industriel.

L’humanoïde Atlas danse mieux que ta maman ! © Boston Dynamics

Probablement pour les mêmes raisons pour laquelle Google a revendu Boston Dynamics, Softbank fait de même. Même si l’entreprise a enfin commercialisé un robot, ce n’est pas encore suffisant pour compenser les énormes frais de recherche et développement de l’entreprise. Cette fois-ci c’est la Corée-du-Sud qui s’en empare avec le fabricant de matériel agricole et de voitures Hyundai. J’en ai également déjà parlé dans le troisième épisode. Vous pouvez le revoir en suivant cette fiche !

Pour fêter la nouvelle année, Boston Dynamics continue sur ses vidéos traditionnelles et montre cette fois-ci Atlas, Spot et Handle en train de se chalouper sur un rock endiablé ! Nous pouvons y voir des robots qui ont facilement 10 ans d’avance technique sur la plupart des concurrents. Aujourd’hui, Spot est commercialisé, un bras à monter sur son dos devrait bientôt être proposé en option. L’entreprise travaille désormais sur un robot quadrupède à des tarifs plus accessibles. Atlas va probablement encore connaître de nombreuses années de développement avant que celui-ci soit également commercialisé, le temps suffisant pour améliorer encore ses capacités, tout en réduisant son coût. Enfin, Handle, a probablement les plus fortes chances de connaître une commercialisation dans les mois ou années qui arrivent. Si son prix est accessible, et ses capacités à la hauteur, il pourrait tout simplement révolutionner le milieu des robots industriels mobiles à sa sortie.

Et pour l’instant, je ne lui vois absolument aucun concurrent, même à l’état de prototype. Ces prochaines années risquent d’être fort intéressantes.

Un robot chargeur de voitures électriques

Le robot chargeur pour voiture électrique de Volkswagen. © Volkswagen

Si vous êtes utilisateur d’un véhicule électrique, vous avez dû vous retrouver face à l’incivilité de personnes garées à une place pour voiture électrique alors qu’elle ne venait pas charger sa batterie, en espérant que vous n’étiez pas à court à ce moment précis.

En attendant qu’un plus grand nombre de places de parking reçoivent un système de recharge, Volkswagen travaille sur un prototype de robot autonome qui viendrait lui-même charger votre voiture où que vous soyez sur le parking.

Une fois votre voiture garée, depuis une application sur votre smartphone, vous signalez au réseau du parking que vous avez besoin que votre véhicule soit rechargé. Un robot de charge va agripper une batterie pleine montée sur remorque et l’apporter en toute autonomie près de votre voiture. Il ouvrira votre clapet pour y insérer le câble de recharge de la batterie qu’il laissera sur place le temps de la charge. Le robot pourra ainsi retourner lui-même se recharger ou s’occuper d’un autre client.

Ces batteries chargeront votre véhicule à 25 kWh. Sachant que la plupart des voitures électriques modernes ont des capacités de batterie de 40 à 100 kWh, cette charge ne sera que réparatrice à moins de combiner plusieurs charges.

Une fois la charge opérée, le robot vient chercher la batterie externe et la ramène à son propre points de charge avant d’envoyer un message au conducteur comme quoi son véhicule est prêt.

La solution Charles de Mob-Energy. © Mob-Energy

Volkswagen n’est pas la seule entreprise à travailler sur un tel robot. La start-up lyonnaise Mob-Energy conçoit un robot, Charles, embarquant sa propre batterie pour venir recharger des voitures à la demande.

Robotland, nouveau parc à thème

Le parc d’attraction Robotland vient d’ouvrir ses portes à Essen en Belgique. © Henk Den Ridder

Et si un parc d’attraction basé sur la robotique et les nouvelles technologies ouvrait en Europe ?

Je veux bien y aller, moi !

Le 27 décembre dernier, le parc à thèmes Robotland a ouvert ses portes à Essen, dans la partie flamande de la Belgique. Le parc utilise l’ancien entrepôt de triage et des douanes ferroviaires de la ville, un bâtiment construit en 1902.

Ce projet est le rêve de l’entrepreneur Luc Van Thillo, créateur d’AVT, groupe industriel de robotique et de manutention sur coussin d’air. A travers ce parc, il veut susciter l’enthousiasme des enfants pour les nouvelles technologies, afin de les faire embrasser des carrières en robotique et dans les autres technologies du futur.

A travers de nombreuses activités, les enfants et leurs parents peuvent manipuler des robots pour une pèche à la ligne revue et corrigée, prendre part à un véritable simulateur de vol ou visiter le Grand Canyon en réalité virtuelle.

Les constructeurs peuvent en profiter pour utiliser cet espace afin de démontrer les capacités de leurs robots. On y croise de nombreux robots Kuka démontrant leur dextérité à pousser un mini vélo ou à se déplacer dans un enclos.

Robosphère, en Suisse, propose une expérience proche de Robotland. © Robosphère

Robotland n’est pas le premier parc à thème centré sur la robotique en Europe, l’association Robosphère a ouvert un tel lieu à La Chaux-de-Fonds, près de Neuchâtel en Suisse.

Dis Papa, c’est quand qu’on y va ?

Un jour, peut-être ! J’espère que l’on y fera même un reportage !

Miniature En Route Vers le Futur 5

En Route vers le Futur #5
Tous les lundi à 9H, votre veille Techno sur un plateau !

Au sommaire de l’épisode

  • Intuitive Robots développe des applications pour le robot Spot,
  • Chang’e 5, la mission de retour d’échantillons lunaires chinois,
  • Le radiotélescope d’Arecibo va être détruit dans les prochains mois.

En Route vers le Futur est un concept de série de vidéos Youtube présentant les dernières actualités sur les nouvelles technologies du futur : robotique, véhicules autonomes, drones, impression 3D, réalité virtuelle et augmentée, transport et tourisme spatial, etc.

Spot s’entraîne à Nantes

(c) Intuitive Robots

Le célèbre robot jaune à quatre pattes, Spot, intègre les locaux d’Intuitive Robots à Nantes.

Je laisse Julien Joliff, directeur marketing de la start-up, nous en parler :

Julien Jolff : « Intuitive Robots est basé à Nantes. On a été créé en 2014 par Franck Calzada. Et notre métier principal, c’est de concevoir des solutions d’applications pour des robots. On travaille principalement sur des robots de service, des robots sociaux.
On est une petite structure, on est une équipe de sept personnes, principalement focalisés sur la conception d’applications mais aussi l’intégration de robots au sein de diverses entreprises, de divers secteurs d’activité. Cela peut être du tourisme au retail, à l’éducation, etc.
Et là, tout récemment, on s’est orienté sur un nouveau robot, qui est le Spot de Boston Dynamics.

Robots utilisés par la startup nantaise. (c) Intuitive Robots


Spot, il a la particularité d’offrir un grand, grand nombre de fonctionnalités que l’on peut configurer et adapter selon divers secteurs d’activités. En fait, il faut vraiment imaginer le robot Spot comme une plateforme robotique sur laquelle on va rajouter différents capteurs, des caméras, des détecteurs, pour pouvoir ensuite le déployer pour pouvoir réaliser certaines missions dans différents secteurs d’activités.
Là, le fait de l’avoir entre les mains, pour pouvoir y développer des programmes dessus, et l’intégrer chez nos clients, c’est, disons, un petit peu un rêve qui se réalise pour tout ingénieur robotique qui se respecte, c’est clair !
Mais, du coups, notre objectif, c’est vraiment de donner vie, de donner une utilité importante, dans laquelle les entreprises vont pouvoir se retrouver dans leur retour sur investissement.
Nous, notre principal argument, autour de Spot, c’est le temps que les opérateurs passent à collecter des informations, est substitué avec le robot, qui fait que les opérateurs peuvent se concentrer sur l’analyse de ces données.
On croit énormément en ce robot, en ses capacités. On va bien au-delà de la vitrine. C’est pas un robot qui va nous faire amener forcément des clients pour leur placer un autre robot, par exemple. On croit vraiment dans les capacités de ce robot, dans tout ce qu’il peut apporter aux industries d’aujourd’hui. Et c’est une des preuves, en tout cas actuelles, sur l’intérêt d’intégrer un robot, non pas (et j’insiste beaucoup là-dessus) pour remplacer une personne, mais vraiment pour l’assister, pour l’augmenter dans son travail.
Et nous, on y croit très fort. On va vraiment développer des solutions qui vont dans ce sens pour pouvoir aider les collaborateurs, les employeurs, les opérationnels sur ce terrain à mener à bien leur mission dans tous ses aspects
. »

Chang’e 5 a décollé pour la Lune

Retour d’échantillons depuis Chang’e 5. (c) CNSA

Depuis 1976, avec la mission automatique Luna 24, plus aucune mission n’est allée se poser sur la Lune pour rapporter quelques échantillons de sol de notre satellite naturel.

Le 23 novembre, un robot chinois, Chang’e 5, a décollé de la Terre à bord d’un lanceur Long March 5.

A l’heure où parait cette vidéo, si tout s’est bien passé, Chang’e 5 a déjà atterri sur la Lune. Elle a même peut-être déjà déployé une petite foreuse pour récolter entre 2 et 4 kg de sol lunaire.

Dans les prochains jours, le second étage de l’atterrisseur va décoller pour rejoindre un module en orbite lunaire. La cargaison sera transvasée entre les deux puis l’orbiteur entamera son retour vers la Terre.

Vers le 16 décembre, la capsule contenant les échantillons se détachera de l’orbiteur pour venir atterrir dans les plaines de la Mongolie, à l’aide d’un parachute.

Par cette mission, les chinois rattrapent les russes qui avaient réussi ce même exploit en 1976. Elle permet également à la Chine de prendre de l’expérience pour développer leurs futures missions lunaires habitées, d’ici une dizaine d’années.

Arecibo arrête d’écouter les étoiles

L’immense antenne du radiotélescope d’Arecibo.

Le 19 novembre, il a été annoncé que le radiotélescope d’Arecibo situé dans l’île américaine de Porto Rico allait être détruit dans les prochains mois.

Celui-ci a subi de nombreux dégâts en septembre 2017 à cause de l’ouragan Maria et le remettre en état coûterait énormément d’argent.

Arecibo a été inauguré en 1963. Il consiste en une énorme antenne radio de 305 mètres de diamètres, et resta le plus grand radio-télescope du monde jusqu’en 2016, ou le FAST avec ses 500 mètres de diamètre a commencé à écouter le ciel depuis le sud-ouest de la Chine.

Les dégâts sur l’antenne d’Arecibo sont gigantesques. (c) AP

A quoi sert un radiotélescope ? Tout simplement à écouter les ondes radios émises de n’importe où dans l’univers. Au-delà de la lumière visible, la lumière de grande longueur d’onde ne peut être perçus que par un appareil capable de capter les ondes radio, un radiotélescope.

Arecibo a permis de nombreuses découvertes en près de 60 ans : la vitesse de rotation de la planète Mercure, des images radar en 3D d’astéroïdes ou les premières exoplanètes.

Pour communiquer sur Terre, nous utilisons parmi d’autres technologies,les ondes radio. Elles transportent la musique dans nos voitures, la télévision numérique terrestre ou nos réseaux wifi et téléphoniques. Et si d’autres civilisations de l’univers utilisaient les mêmes technologies ? C’est l’idée qu’on eu des scientifiques en essayent d’écouter des émissions radio artificielles.

Bon, ils n’ont rien trouvé de probant…

Par contre, le radiotélescope a émis un message en 1974 en direction du Amas d’Hercule situé à 22 200 années lumières. Ce message inclus des informations sur notre ADN, un croquis de l’être humain ainsi que des informations sur l’antenne d’Arecibo. Si ce message est capté un jour, nous n’en recevrons la réponse que dans 44 400 ans !